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L'OEUVRE   

« J’ai conduit les intellectuels au Forum et amené les amateurs de hockey à s’intéresser à l’art »

Serge Lemoyne

Années 60

 

Pendant cette décennie, Lemoyne est surtout organisateur d'événements et de happenings comme :

La semaine A, Les trente A, Le bar des arts entre autres.

En 1962, il réalise une sculpture devant sa maison à Acton Vale.

Avec les groupes L'horloge, Zirmate Nouvel âge, il présente des spectacles multidisciplinaires à la manière des groupes rock.

Bleu-blanc-rouge 1969-1979

 

C'est cette période Bleu-blanc-rouge qui a surtout fait connaître Lemoyne. En réalité, il y a avant et après cette période.

 

La décennie Bleu-blanc-rouge de Lemoyne, qui verra naître les œuvres les plus marquantes de l’artiste, s’inspire des Canadiens de Montréal. Cette équipe de hockey, dont l’artiste est partisan depuis toujours, est un puissant symbole sportif et culturel québécois.

De 1969 à 1979, Lemoyne s’inspirera des moments clés de la sainte Flanelle et de ses vedettes pour créer : Guy Lafleur, Dryden, Béliveau, Lapointe, Cournoyer, etc. Lemoyne souhaitait ainsi déconstruire l’élitisme dans l’art, but qu’il poursuivra tout au long de sa carrière.

Le numéro 10, Guy Lafleur

Sérigraphie 19 x 26 cm 1972

Mondou

Sérigraphie 48,5 x 59 cm 1977

Cournoyer

Sérigraphie 59 x 88,5 cm 1978

1975-1978

Les années 1975 à 1978 représentent la période la plus connue de l’œuvre de Lemoyne. Il s’inspire de photographies sportives, majoritairement des joueurs vedettes de l’équipe de hockey montréalaise.

Dans ses œuvres, il emprunte des techniques à la photographie, ce qui témoigne du désir de l’artiste d’effacer les barrières entre les différentes formes d’art. De plus, les caractéristiques du médium photo, appliquées à la peinture, permettent de transmettre la vitesse de l’action représentée.

Lemoyne travaille et expérimente la déconstruction de la figuration. On retrouve dans ses œuvres des vues rapprochées des articulations des hockeyeurs. Celles-ci se présentent plutôt comme une série de lignes bleues, blanches et rouges dans lesquelles on distingue l’uniforme des Canadiens de Montréal ou des numéros associés aux joueurs vedette.

Société d'histoire de la région d'Acton

Période supplémentaire

En 1980, malgré la fin de la décennie Bleu-blanc-rouge, Lemoyne prolonge « le match ». Cette série intitulée période supplémentaire est une transition qui annonce les nouvelles problématiques du travail de Lemoyne : l’effet de superposition et d’interaction. Sous les pigments opaques des toiles tricolores de cette série, les couleurs qui furent bannies pendant une décennie apparaissent par endroit. Cette série présente principalement un jeu de déplacements d’un triangle et d’une arche sur le canevas de toile.

Lemoyne à la galerie Véhicule art avec des oeuvres de la période supplémentaire, 1980.

Société d'histoire de la région d'Acton

Fonds Serge Lemoyne

1982-1984

1982 est sûrement l’année la plus prolifique qui nous dévoile un Lemoyne au sommet de sa virtuosité. Le triangle domine dans ses œuvres ainsi que les dégoulinades qui se poursuivent dans sa période Bleu-blanc-rouge.

La série Intersection propose une grande variété de toiles et d’œuvres sur papier.

En 1984, lors du vernissage « Le triste sort réservé aux originaux », Lemoyne assiste à l’évènement au sous-sol de la galerie et observe, par le truchement de caméras, les visiteurs qui ne peuvent voir que des diapositives de ses œuvres. Il veut ainsi dénoncer les appels de dossiers pour les expositions ou les bourses quand la décision est prise sans voir les œuvres réelles.

François Gauthier, Les grandes périodes de Lemoyne, Parcours des arts, Vol 16 no. 4

Source Line Ménard

1985 - 1995

En 1985, Lemoyne réalise les premières oeuvres inspirées de sa maison : rosaces, coins de maison, les barreaux de la balustrade, les linteaux de portes et de fenêtres.

Travail à l'ordinateur

Lemoyne a toujours aimé filmer et photographier. Il a accumulé une quantité importante de pellicules qui se sont souvent égarées lors de ses déplacements.

En 1985, Lemoyne est invité par l'Université du Québec à Montréal à explorer les applications possibles de l'informatique dans le domaine des arts visuels. Cette nouvelle approche cadre tout à fait avec le désir de Lemoyne de constamment repousser les limites de l'art contemporain et avec sa vision, soit que tout peut servir à l'art.

Durant plusieurs mois, il retravaille des photos de sa maison à l'ordinateur avant de les transposer sur des toiles. Cela devient la série des écrans.

À l'époque, la lenteur de l'ordinateur ne permet pas de voir apparaître l'image finale instantanément. Tout le cheminement de conception de l'oeuvre doit défiler à l'écran, créant ainsi un petit film d'animation.

Lemoyne juge les petits films intéressants d'un point de vue artistique, mais se désole de ne pas pouvoir les diffuser. Il décide donc de filmer avec une caméra VHS l'écran d'ordinateur au moment où ces animations défilent. Cette approche fonctionne, puisque Radio-Canada fait la diffusion de ces oeuvres par la suite!

Extrait du livret « Serge Lemoyne Rouge Blanc Bleu» p. 26 écrit par François Gauthier et Alexis Beauchamp

En 1987, il réalise « Trilogie d'un rectangle noir » (acrylique sur toile, corde et tapis) aussi nommé                 Station I, Hommage à Christo,

     Station II, Hommage aux automatistes 

     Station III, Hommage aux plasticiens

En 1991, à New York, il présente une série de toiles intitulées « Assemblages ».

En 1993, il fait la monumentale installation de la murale du Casino de Montréal. Cette oeuvre est inspirée des planches de la maison mais surtout de « Text Edit », un tableau écran de 1986.

En 1994, il doit procéder à la déconstruction partielle de sa maison et il intègre des éléments de la balustrade dans ses toiles. Il crée « Morceaux choisis » avec les éléments de la déconstruction de sa maison.

François Gauthier, Les grandes périodes de Lemoyne, Parcours des arts, Vol. 16 no 4

1995     La récidive

Quinze ans après la série Bleu-blanc-rouge, Lemoyne nous revient avec des sérigraphies abordant les couleurs ainsi que des éléments du chandail des Canadiens de Montréal. Bien que plusieurs aspects, comme les références à la photographie, nous portent à associer ces œuvres à celles de la série de 1975 à1978, on perçoit des variations du travail de l’artiste, telles que : l’ajout du noir et l’apparition des noms sous forme de signature en lettres attachées.

1996-1998

Hommage à Matisse

Lemoyne découvre l'Atelier rouge, gigantesque tableau d'Henri Matisse, au Museum of Modern Arts (MoMa), à New York. Lemoyne est si boulversé par la beauté de l'oeuvre qu'il retourne plusieurs fois à New York pour la revoir au cours des années suivantes.

Ce n'est qu'en 1996, deux ans avant son décès, qu'il entame ce qui deviendra son hommage à Matisse. Chaque modification des des tableaux est minutieusement datée et, si certains tableaux ne comportent que quelques interventions, d'autres affichent jusqu'à douze dates et sont complètement noirs.

Au final, c'est plus de 500 petits tableaux que Lemoyne peint en l'honneur de Matisse. Rassemblés par couleur et présentés en séries sour les noms d'Atelier rouge, d'Atelier bleu, d'Atelier blanc, etc., ces oeuvres constituent son avant-dernière grande production. C'est en tout, sept groupes de 42 à 84 tableaux.

En 1996, « As-tu vu mes patins? »constitue une série d'oeuvres sur panneaux de contreplaqué de 4 x 8 pieds où Lemoyne intègre des patins. Les lacets remplacent les dégoulinades de peinture. Lemoyne recueillait les patins que les gens voulaient bien lui laisser dans une boîte prévue à cet effet à sa maison d'Acton Vale.

Extrait du livret « Serge Lemoyne Rouge Blanc Bleu» p. 28 écrit par François Gauthier et Alexis Beauchamp

Trou noir

La série Trou noir, réalisée sur des contreplaqués de 24 x 24 pouces est caractérisée par une abondance de reliefs et de textures. C'est la dernière production de Lemoyne avant qu'il décède d'un cancer foudroyant en juillet 1998. Certains ont qualifié cette série de prémonitoire, puisque, si Lemoyne ignore qu'il est atteint d''une tumeur au cerveau, il confie tout de même à un ami : « Je peins ma maladie. »

Les oeuvres de la série laissent paraître une transformation, un changement profond. Elles sont au départ remplies de couleurs et de vie, mais Lemoyne y ajoute progressivement de la peinture noire, qui va jusqu'à masquer l'oeuvre... un peu à la manière d'un trou noir qui absorbe la lumière dans l'espace.

Extrait du livret « Serge Lemoyne Rouge Blanc Bleu» p. 31 écrit par François Gauthier et Alexis Beauchamp

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