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Mémoires vivantes

Berthe Dupuis et Roland Breton

Avant mon mariage j’habitais à Acton et j’aidais ma mère qui hébergeait une douzaine de pensionnaires. Ça faisait beaucoup de ménage à faire et de nourriture à préparer. On a toujours travaillé très fort chez nous. Avant d’héberger des pensionnaires, on habitait sur la ferme où on avait des animaux et on cultivait du maïs, des patates, des tomates, des fraises, du tabac… Je me souviens qu’il fallait enlever les petites pousses qu’il y avait entre les feuilles de tabac et la tige parce que ces pousses-là avaient mauvais goût.

Berthe Dupuis

 

 

J’ai travaillé à l’Acton Rubber durant la guerre et on y faisait, entre autres, des bottes pour l’armée. J’ai commencé à huit cennes de l’heure et je travaillais de nuit, soixante-douze heures par semaine. Durant la grève de 1943, j’étais le secrétaire de l’Union et quand la grève s’est terminée, en 1944, le gérant de l’usine m’a dit qu’en guise de pénitence il me mettait dehors pour un an. J’ai donc essayé de me placer à Montréal, mais j’avais été barré partout à cause du système de l’assurance chômage en place à l’époque. J’ai donc pris des petites jobines ici et là : j’ai fait des ressorts de matelas et des lampes avant de travailler pour Fairchild Aircraft. J’ai ensuite été embauché chez Wonderbread où j’ai commencé comme aide-vendeur pour gravir tous les échelons jusqu’à devenir gérant provincial.

Roland Breton

Robert Tremblay

Cette photo a été prise à Causapscal vers 1937. De 1930 à 1940 j’accompagnais, dans ses tournées, mon père qui était alors inspecteur de la colonisation à Causapscal. On attelait le cheval et on partait en voiture faire le tour des colonies : Albertville, Sainte-Marguerite, Lavérendry, Sainte-Florence et Routhierville. Je me souviens d’être allé dans une maison avec mon père, pour une inspection, et que tout ce que l’on a trouvé, pour une famille complète, c’est trois pouces de farine dans le fond d’un quart à farine. […] Nous avons donné nos lunchs à ces malheureux qui en avaient drôlement plus besoin que nous.

Robert Tremblay

 

Lise Allaire et Raymond Isabelle

Voici une photo de ma mère Anna Laurin qui a vécu jusqu’à 98 ans. Elle a eu quinze enfants et était toujours de bonne humeur et très travaillante. Elle jouait du piano, faisait de la couture et était une excellente cuisinière, en plus de s’occuper du magasin général avec mon père. Elle était aussi très croyante et elle récitait un rosaire par jour. La maison était toujours ouverte et elle invitait régulièrement les quêteux à se joindre à notre table.

Raymond Isabelle

 

J’ai eu le coup de foudre pour lui dès que je l’ai connu. Il avait une belle façon et on avait beaucoup d’affinités. On aimait danser le rock and roll, le boogie-boogie et les slows. Il avait de nombreuses qualités : il était sérieux dans ses études, propre, croyant et il avait de beaux grands yeux bleus! Cette photo a été prise durant mon voyage de noces au lac Caché à Saint-Alexis-des-Monts en 1956 alors que j’avais dix-neuf ans. On avait loué un petit chalet pour une semaine, pas loin de chez mes parents. On faisait des tours de chaloupe, on se baignait et on allait manger au petit restaurant.

Lise Allaire

 

Maryette Lasnier et Gérard Clément

Voici une photo de mon père, Achille Clément, prise en octobre 1923 sur la réserve indienne de Senneterre en Abitibi-Témiscamingue. Mon père était Cri, né sur la réserve de l’Annonciation, mais il s’est sauvé de la réserve pour échapper aux autorités pendant la conscription et s’est réfugié à Senneterre. Les Indiens de son époque vivaient presque exclusivement de chasse, de pêche et d’une sorte de crêpe appelée Panuk. Ils faisaient aussi cuire toute leur viande dans de la mélasse qu’ils achetaient à Val-d’Or. Ça s’appelait du Pishum et ça a causé des épidémies de diabète à travers les réserves.

Gérard Clément

 

Cette photo a été prise sur la ferme familiale à Dunham quand j’avais douze ans, en 1948, au moment de ma communion solennelle. On avait une ferme d’élevage et on produisait du blé et des betteraves pour les vaches. On vendait aussi des fèves à la Coopérative qu’on se cassait le dos à ramasser. Ma mère faisait pousser un grand jardin et faisait des cannages de blé d’Inde, de jus de tomate, de petites fèves et des confitures. La vie était dure pour les femmes à cette époque.

Maryette Lasnier

 

 

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